ITAR architectures
Approche
Densité raisonnée
Pour ITAR, la densité est au cœur du vivre ensemble, de l’accroissement des populations et des problématiques environnementales. La considérer intelligemment c’est œuvrer pour une prise de conscience collective de la nécessaire diminution des consommations ; du nécessaire développement des circuits courts pour l’alimentation comme pour la construction et du nécessaire renouveau de l’équilibre ville-nature. Il serait trop radical de condamner la densité, seule frein possible à l’étalement urbain.
Mais il est vital de travailler une densité fondamentalement raisonnée, à l’échelle humaine, à la taille des bâtiments et d’un nombre de logements maîtrisés. Cette densité est celle des possibles : elle offre du vide, de l’accès au ciel et des espaces communs. Elle économise les sols, devient l’indispensable digue à la consommation du foncier agricole. Elle fédère car, bien pensée, elle signifie ce lien social essentiel dont la démographie croissante aura besoin demain. Oui, il est possible d’assembler dans une forme de densité apaisée des émergences et différentes typologies pour générer de la mixité et plus d’espaces libres. Le défi est immense mais il est enthousiasmant : définir les équilibres de demain entre densité et respiration ; entre architecture et nature ; entre libertés individuelles et sens du lien social.
Construire l’usage
La matière de l’architecture n’est ni le béton, ni le bois, ni le métal. La matière de l’architecture est la vie, et la conception architecturale doit s’attacher à la rendre meilleure, plus intense, plus connectée à l’environnement et ses manifestations les plus immédiates, l’air et la lumière.
Dans les logements, cette préoccupation conduit à l’insertion de balcons, loggias, et autres espaces extérieurs, éléments sans lesquels il apparaît impensable aujourd’hui de concevoir un logement. La lumière naturelle est un second élément fondamental de l’architecture d’ITAR, que ce soit dans les parties privées ou dans les parties communes de projets, où elle apparaît souvent, à tort, secondaire. Parce que la construction se met au service de cette démarche qualitative, ITAR s’attache à en maîtriser les enjeux. Enjeux budgétaires, qualitatifs, environnementaux et sensibles s’entremêlent dans le chantier. Au quotidien, ITAR démêle l’écheveau pour créer une architecture durable, car adoptée par ses habitants. La construction au service de l’usage, l’usage magnifié par la construction.
Domesticité urbaine
La domesticité ne se rapporte pas uniquement à l’espace du logement. Elle touche aussi au quotidien, à la familiarité d’un lieu et à son hospitalité. Elle parle d’attaches et de racines. Elle est en cela caractéristique d’un territoire subjectif spatial et sensible centré sur le logement mais s’adressant à la ville.
Françoise Choay écrivait au sujet de la ville classique, celle qui apparaît à la Renaissance italienne : « En s’esthétisant, en devenant spectacle, la ville commence à prendre une dimension ludique, à être vécue dans un rapport de distance . » Bien que l’époque de la ville classique soit révolue, gardons-en l’idée du spectacle, des distances et le jeu d’échelles comme un invariant de la qualité urbaine.
Hauteur, recul, luminosité et matière jouent en faveur de l'architecture qui se dévoile au fur et à mesure que l’on s’en rapproche : une lame ; une face ; trois lames, des motifs, et bientôt des balcons à la manière d’une fractale dont les découpes intérieures esquissent la personnalité de leurs occupants et donnent aux piétons une échelle de référence. Les façades livrent des morceaux d’existences identifiables depuis la rue et deviennent l’expression des usages des habitants. Augmentées de profonds balcons, elles vibrent des allers et venues de leurs occupants et vivent du mouvement des ombres et lumières changeantes ; des épisodes de vie quotidienne qui s’y déroulent. La façade devient un haut lieu d’individualisation et l’occasion d’une appropriation unique où chacun peut faire déborder ce qui lui est relatif et investir la ville comme il investit son logement.
Quant au spectacle dont parlait Françoise Choay, filons la métaphore et imaginons la ville, et non seulement le logement, comme un « théâtre domestique » où les balcons sont des scènes, les piétons le public, et les appartements comme les coulisses. Les habitants, depuis chez eux, sont les acteurs d’une ville animée et effervescente.
Habiter et coexister
Concevoir des logements et dompter la densité suscite des réflexions propres aux architectes. Ces derniers se nourrissent des nombreuses contributions sociologiques, philosophiques ou géographiques sur les définitions des termes habitat, logis, maison. Entre Heidegger et Levinas, le rapport de l’habitant au monde diffère, cependant le rôle de l’habitat converge.
Longtemps centré sur l’usager, l’habitat pensé se meut, il questionne désormais l’éthique et la démocratie, à l’instar de ces penseurs et penseuses du care, et le partage, tant l’immobilier est le reflet d’une société, et parfois le symptôme de ses désordres.
En 1982, le droit au logement était inscrit dans les droits fondamentaux et, en 1971, le philosophe Emmanuel Levinas écrivait déjà que « le rôle privilégié de la maison ne consiste pas à être la fin de l’activité humaine, mais à en être la condition et, dans ce sens, le commencement. […] L’homme se tient dans le monde comme venu vers lui à partir d’un domaine privé, d’un chez-soi, où il peut, à tout moment se retirer ». La maison n’est pas le simple logement, elle est bien plus en cela qu’elle est un abri ; un refuge du corps et de l’esprit ; le lieu du rapport à soi et la condition pour chacun de devenir acteur de sa propre existence puis de son environnement.
Cet environnement, justement, ce monde à partager tient du rapport à l’autre : mon colocataire, mon voisin et le vivant, la faune et la flore dont il faut prendre soin et cela passe par l’espacement. Comme le rappelait Jean-Marc Besse : « Habiter est un art de l’espacement. Habiter nécessite de trouver et d’entretenir les bonnes distances entre les personnes qui vivent sous le même toit. Trop près, c’est inhabitable en raison de la promiscuité. Trop loin, la distance ne permet pas la rencontre et c’est l’indifférence qui s’installe. Cela nécessite un réglage des proximités et des distances . » Chaque projet est d'abord celui d'un espace libre. Celui qui nous sépare des pionniers, les constructions existantes, d’abord, dans la mesure où l’implantation doit préserver l'intégrité de leurs vues et la dignité de leurs habitants. Celui qui sépare des voisins, ensuite, en garantissant l’intimité et la liberté de chacun, évitant les vis-à-vis mais permettant les vues et la lumière. La distance avec le vivant, enfin, est assurée par des lieux sanctuarisés : des« zones d’intégration » pour reprendre le discours des écologues, qui défend la prise en compte du domaine vital des espèces et n’est pas sans rappeler les besoins humains au sein d’un foyer comme d’un immeuble.
Enrichissement mutuel
Chaque projet, quel que soit son envergure est un outil pour mettre en place une infrastructure du vivant. En termes de biodiversité, il faut reconnaitre que nous héritons le plus souvent, en milieu urbain, d’un paysage qui se distingue davantage par son potentiel que par sa réelle richesse. En nous appuyant sur l’armature du circuit de l’eau, en travaillant de concert avec écologues et paysagistes, nous dépassons donc l’approche « espaces verts » pour s’engager dans une démarche de « milieux naturels constituant des habitats pour la faune et la flore ». Cette approche entremêle structure bâtie et vivant : espaces partagés et cohabités, d'autres où l'on se voit sans se croiser et d'autres encore sanctuarisés. Ville et Nature ne sont pas antagonistes, leur équilibre retrouvé œuvre pour rendre la vie meilleure dans une logique de services rendus où l’un est le support du second. Le second qualifie le premier.
Au verdissement d’affichage, nous préférons la quantité et la qualité ! Nous sommes d’ailleurs convaincus de leur compatibilité. Créer le cadre propice à l’établissement d’un paysage diversifié c’est aussi agir pour l’enrichissement des usages comme des milieux. Si les espaces extérieurs privatifs sont consacrés, le paysage, lui, est un bien commun. Nous sommes persuadés
de sa capacité à faire naître un esprit collectif et instiguer des liens sociaux en proposant des espaces ouverts nuancés et appropriables pour que chacun puisse s’épanouir. C’est aussi
un vecteur de sensibilisation au défi écologique qui nous fait face. Qu’il soit nourricier ou extensif en toiture, ombragé et dense ou ouvert et humide en cœur d’ilot, arbustif en lisière, chaque traitement paysager induit un usage qui lui est propre. De la cueillette à la production, de la protection visuelle à la protection aux vents dominants, du relais biodiversité à l’espace ludique, le premier atout d’un lieu c’est son paysage ! De cette attention portée à notre environnement suivra l’augmentation de la valeur d’usage des lieux.